Question : qui peut se "vanter" d'avoir assister à un mariage (indépendamment du fait de passer devant Monsieur le curé ou non !) célébré sans dragées ?
Autre question : avez-vous noté des différences de qualité de dragées mariage dans le cadre des différents mariages auxquels vous avez eu le plaisir ou la chance d'être invité(e) ?
Voici deux questions pouvant paraître bien anodines et pourtant porteuses de sens quand on sait l'importance des liens opérant entre mariages et dragées !
Mais qu'est-ce qui se cache donc derrière ces fameuses dragées ?!
La dragée, une simple amande recouverte de sucre ?
D'un point de vue très "rabat-joie" pourquoi pas, mais c'est faire abstraction de toute la dimension historique, symbolique, sacrée et, peut-être le plus important, gastronomique de ce trésor de l'histoire avec un grand H !
Tout commence durant l'Antiquité, sous l'ère gréco-romaine plus précisément !
On en trouve les premières traces en Grèce. A l'époque, nommée τράγημα ou trágêma - tragemata en latin - la dragée est alors la friandise de fin du repas, le mets enrobé servi en tant que dessert. La "naissance" de la dragée en tant que "confiserie symbolique", et ce en vertu des fondamentaux jugés quasi-magiques de sa découverte, remonterait à l'époque romaine stricto sensu - aux alentours de 170 avant J.C. C'est à Julius Dragatus, confiseur de la famille des Fabius, que l'on doit "l'enchantement" !
Source wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Drag%C3%A9e
La dragée serait le fruit de sa maladresse aux fourneaux, à l'occasion du baptême du fils d'un patricien romain !
Comment ? Tout simplement en laissant tomber une belle amande dans une non moins belle jarre de miel !
Retrouvée quelques temps après, le sucre du miel ayant fait son action, l'amande s'était dragéifiée, sous la coupe des Dieux qui plus est ! On en perd ensuite plus ou moins la trace pour enfin la retrouver au Moyen-Âge. C'est sous le nom de diagragum, confiserie élaborée à base de sève d'un arbre anatolien, qu'elle (re)fait son entrée dans l'Histoire et devient réellement et fondamentalement le met à usage festif qu'on connait. Avec l'influence des travaux d'un respecté et vénérable apothicaire local, Verdun devient la capitale mondiale de la dragée en 1220.
La dragée découvre sa vocation de "produit de luxe" à cette époque et devient le signe extérieur de richesse des mariages des grandes familles aristocrates et bourgeoises souhaitant faire de leurs unions de hauts-faits symboliques et gastronomiques. La dragée étant considérée comme «une épice de bouche», on comprend mieux sa classification dans la catégorie des "immanquables de la haute" !
Elle est notamment recherchée pour ses (soi-disant) vertus curatives. Elle est donc la confiserie privilégiée des mariages, baptêmes et communions, moments d'empathie et de voeux à vocation bénéfique s'il en est !
C'est à cette même époque qu'est instaurée la "mode" du lancer de dragées au-dessus des mariés en guise de porte bonheur. La fascinante tendance et propension de l'Homme à trouver et mettre du sens (sacré la plupart du temps à cette époque) en toute chose l'amène à introniser la dragée en tant que symbole des joies et des peines de la vie !
On le doit à son amertume alliée à sa douceur sucrée !
Traditionnellement, 5 dragées de mariage, symbole de l'indivisibilité de l'union des mariés (autre symbole !), sont offertes pour 5 voeux : fécondité, félicité, prospérité, santé et longévité. On comprend un peu mieux l'importance symbolique, finalement indépendante intrinsèquement de tout aspect religieux, que revêt la présence de dragées à l'occasion d'évènements aussi importants que mariages et baptêmes !
Reste à ne pas se tromper sur la qualité des dragées de mariage !
Les bonnes dragées sont comme le bon vin, elles demandent l'excellence en matière de matières premières au premier lieu desquelles les amandes !
La dragée n'apparait en tant que telle qu'au terme d'un long processus de fabrication reposant sur pas moins de 10 manipulations. Il va sans dire que toutes sont cruciales et imposent le succès pour pouvoir passer à la suivante !
Nous ne mentionnerons ici que les principales et vous épargnerons les détails les plus techniques, gardant ainsi confidentiels les secrets séculaires de la réalisation de cette confiserie de choix !
Les meilleures amandes viennent de Sicile ou d'Espagne, destinations ne rebutant en aucun cas les dragistes de renom, n'hésitant pas (pour les plus grands d'entre eux) à parcourir des milliers de km pour aller choisir leurs ingrédients fétiches dès la phase de décoquage et de tri sur place, se faisant en fonction de leurs tailles et de leurs formes !
Vient ensuite la 2° phase : l'étuvage.
Ce dernier devant se faire idéalement, dans les règles de l'art, dans un local ventilé à 70° avec un taux hygrométrique d'environ 30 %.
Etape 3 : le gommage Cette dernière consiste à recouvrir les amandes d'un film afin d'empêcher l'huile de suinter. Les amandes sont placées dans des turbines inclinées en rotation... A cette phase, les amandes sont enveloppées à chaud de gomme arabique (issue de l'acacia), de gomme-laque de blé ou bien encore des deux. Une fois l'amande enveloppée s'en suit une phase de repos de 24 heures de manière à faire sécher le tout n'ayant pas encore le nom de dragée !
Une fois le repos "consommé" se présente l'étape du grossissage. Ce dernier consiste à définir la phase de recouvrement des amandes gommées et sèches d'une fine couche de sucre vanillé.
C'est le début de l'étape la plus longue et la plus répétitive aboutissant à l'obtention d'une dragée bien enrobée !
Tout ce travail se fait à chaud, en utilisant un sirop de sucre le plus concentré possible. Il est versé à la main sur les amandes dans la turbine en mouvement. L'évaporation de l'eau du sirop est nécessaire durant cette étape. Elle est obtenue grâce à une ventilation d'air chaud-air froid complétée par adjonction de vapeur à l'aide de serpentins installés directement dans la turbine. L'étape fastidieuse du grossissage ne nécessite pas moins de 30 à 60 charges - comprenez passages au sirop de sucre - en fonction de l'épaisseur recherchée !
Pour un dragiste, louper cette étape revient à perdre le fruit d'un travaild'une valeur considérable !
Une fois cette phase accomplie, le gros de la recette est accompli !
Le dragiste peut ainsi passer à la mise en couleur des dragées !
Elle se fait beaucoup plus simplement et rapidement que le grossissage à l'aide d'un sirop de sucre, cette fois-ci moins concentré, et de colorants alimentaires - généralement naturels (chez les bons dragistes !) Une fois la couleur posée vient la dernière étape, celle du lissage. Cette phase est destinée à donner aux dragées leur aspect final de jolie petite porcelaine bien lisse !
Les maîtres-dragistes font usage de sirops de sucre aux concentrations décroissantes, c'est là un des secrets de fabrication que nous vous divulguons !
Ce sera le seul, l'idée ici étant de conserver la part de magie inhérente à la fabrication de toute dragée, de manière à faire de chaque mariage l'occasion de s'en persuader...
En choisissant un bon dragiste et ses dragées pour votre mariage, vous faites vivre un métier d'artiste et séculaire à très forte valeur ajoutée !